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Le train du matin
03:50
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Et pour seule référence n’avoir
Que l’étendue du brouillard
Le matin devant les yeux
Premiers pas sur les feuilles humides
Continuer la course virage
Vitesse sifflement du vent
Cette morsure sur le visage
On se laisse emporter
Par la vague du quotidien
Qui nous déposera sur les rives
D’exercices de fonctions inutiles
Avant de n’avoir su retrouver la voix
De l’une ou l’autre malgré tout
L’abandon et la tristesse des jours
Ne rien retenir du paysage
Et pourtant se transporter ailleurs
Car les noms remplacent les noms
On voudrait alors prolonger le voyage
Vers d’autres horizons là où
Les corps auraient droit de citer
Là où la vague succède à l’autre
Vague dans un mouvement lent
Et régulier comme l’habitacle de fer
Et de verre nous confronte
À nos propres limites ayant si peu
D’espace à parcourir à chaque battement de cœur
L’intensité du voyage est rarement proportionnelle à sa durée. Même si la répétition de celui-ci, le soir et le matin, peut nous laisser croire à une quelconque maîtrise de l’espace. Les paysages qui se dessinent alors derrière la vitre ne semblent pas émerger du réel, tant la brume s’efforce de couvrir ces formes.
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2. |
La vérité nue
01:11
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L'alcool et le silence
L'asphalte luisant de la ville
Les oiseaux en garnison
Le ballet des autobus
Les illusions qui s'égarent
L'enthousiasme disgracié
L'alcool et le silence
La vérité nue.
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3. |
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Je vis en centre-ville. Le seul axe de mes déplacements est de centre-ville en centre-ville. Les trains me déposent de gare en gare dans ces lieux centraux où s’écoulent mes jours. Je me suis rendu compte récemment de mon absence d’horizon. Lors d’un voyage sur les côtes atlantique, du Sud Bretagne aux Marais d’Oléron en passant par l’île de Ré.
L’ampleur du regard n’avait pas de limite. Ici, tout est fermé. Par des façades d’immeubles anciens ou modernes, par des arbres, des lampadaires ou la perspective d’autres rues. L’environnement sonore est lui aussi différent. Les oiseaux semblent ne pas avoir les mêmes chants. Il y a bien sûr la rumeur de la ville, différente, suivant l’heure et le quartier où l’on se trouve. À la fois calme, apaisante et inquiétante. Il y a deux sortes de villes. Les villes où l’on vit et les villes de passage.
Le quotidien qui peut découler du choix d’une ville, pour activités professionnelles, pour vacances ou par amour, est intimement lié au hasard. Différentes étapes viendront fragmenter ce quotidien. Un lieu de travail, des trajets, un quartier où l’on a ses habitudes, librairies, terrasses de café, etc. et le lieu où l’on dort. La géographie de sa pensée pourra épouser la géographie de ces lieux. On ignore trop souvent ce qui fait l’âme d’une ville.
Toutes les villes n’ont pas la même valeur et cela dépend beaucoup de ce qu’on y a vécu. Il y a des villes plus chères que d’autres à la mémoire : celles où l’on a aimé. C’est alors un tourbillon d’images qui se met en mouvement juste à l’évocation d’un nom.
Je n’ai pratiquement jamais connu autre chose que les centre-villes. Mes parents n’ayant jamais eu de voiture et n’ayant pas moi-même le permis de conduire, nos déplacements se sont toujours effectués en train. Nous nous sommes inscrits dans une sorte de tradition familiale. Nous avons toujours été proches des écoles, plus tard le choix de mes activités s’est toujours adapté à ce mode de vie. Allant même parfois jusqu’à habiter dans l’hyper centre pour le cas de certaines grandes villes. La nécessité des déplacements ayant toujours dicté ce choix, une autre façon d’habiter la ville m’a toujours paru inconcevable.
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4. |
35° sud
02:17
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Bleu d'hiver
Séminal et pur
Marbré d'un sillon clair aux effluves lointaines
Circoncis des nuages
Jalonne la plaine jusqu'à l'épure
Dans la jeune lumière de janvier
Les heures lentes amorties
À mi-temps du passage
Les clameurs abolies
Par l'élan dévisagent
La pointe sevrée des terres
Que l'on frôle à l'entaille
Plus légères les épaules lorsque le ciel déraille.
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5. |
Le quartier
01:45
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À l'évidence elle réalisa que ce n'était pas le
meilleur endroit pour se perdre, tant son
imaginaire rejaillissait sur la pierre grise
et les carreaux mouchetés.
Tout ce décor si familier, et la mécanique des
semelles sales, comme un indice, une invitation
à la suivre, à la retrouver après l'épreuve.
Pourtant, jusque là, il n'y avait eu aucune
rencontre inopportune, de celles qui s'achèvent
dans les regards fuyants, tant on ne peut espérer
alors plus délicieuse sentence.
Happée par la jeune lumière des néons ruisselants,
elle hésita encore un instant.
Enfin, dans un bruissement de tissu malmené,
elle agrippa les quelques pièces qui maculaient
le fond de sa poche et disparut soudain
derrière l'épais rideau rougeâtre.
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6. |
Un acteur sous la pluie
04:17
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Bien sûr la pluie ne tombe pas toujours. Mais à cet instant précis, oui. Du coup l’image est fixée, on a envie de dire pour l’éternité, sans savoir si cela a réellement un sens.
La pluie d’abord sur le trottoir, les gouttes qui forment de petits cercles en atteignant la surface du sol déjà recouverte d’une certaine épaisseur d’eau. C’est figé mais on ressent très bien le mouvement du haut vers le bas. Et puis l’ombre de l’homme vers l’avant, et puis le pas de l’homme qui avance vers nous, mais qui ne nous regarde pas. Une cigarette dans le coin gauche de sa bouche, le col du manteau relevé, rien sur la tête, les mains dans les poches.
C’est une photographie en noir et blanc. Times Square, New York, 1955 par Dennis Stock. New York je ne connais pas, je n’y suis jamais allé, mais le nom m’est familier.
Un autre homme traverse au fond en s’abritant sous un parapluie. Sur un trottoir des gens patientent dans la file d’attente d’un cinéma.
Cette carte postale je l’ai achetée, il y a 10 ou 15 ans, mais je la connaissais déjà avant. Je la connais bien, je l’ai souvent regardée. L’homme qui avance sous la pluie est un acteur. C’est James Dean. Son regard semble insaisissable, perdu, il remonte les épaules, il doit avoir un peu froid. Je ne sais rien de cette séance photo. Voulue, improvisée ? Il y a forcément une part de mise en scène, mais on l’oublie assez facilement pour la vérité de cet homme qui marche sous la pluie. Il a l’air triste aussi, peut-être un peu désœuvré.
Cette carte je croyais vraiment bien la connaître, les façades des immeubles, les panneaux publicitaires et de signalisation. Et puis j’ai remarqué dernièrement un détail, que je n’avais jamais remarqué. Le titre du film qui est projeté dans le cinéma. Ça m’a peut-être frappé parce que j’ai vu l’affiche de ce film, le mois dernier à Paris, dans une exposition sur Jules Verne au Musée de la Marine. Le titre c’est : 20 000 Leagues under the sea. 20 000 Lieues sous les mers. Il y a sûrement encore plein de choses que je n’ai pas remarquées. C’est ça la force de cette photo. Elle n’a jamais fini de nous surprendre. Comme James Dean n’a jamais fini d’avancer. Comme James Dean n’a jamais fini de fumer sa cigarette.
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7. |
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Longtemps, j’ai voulu retenir
L’instant où j’aurai à retranscrire
Sa vie comme ce clapotement
De l’eau sur la vitre comme
Si la pluie voulait entrer
Dans l’appartement et discuter
Du sens de l’existence
C’est la même impression d’automne
Qui revient à travers moi
L’étendue de gris derrière
Le carreau recouvert de buée
C’est elle ou plutôt une image
Visible d’elle avant que la vapeur
Ait envahi la salle de bain
Il y a le plaisir de retrouver
Le profil de l’eau en gouttelettes
Figées devant ses seins
Comme l’arrêt du mouvement
En une succession de poses
Que l’appareil a retenu comme
Un défi au temps qui passe
Le témoignage de la jeunesse d’un corps
Il y a cette tentative de description
À la fois inutile et impossible
Il n’y a pas assez de mots
Pour dire le chuchotement de nos vies
Je ne cherche pas à reconnaître. Déjà, l’espace temporel m’indique l’erreur de ne plus savoir entre le matin, l’après-midi ou le soir. Un autre lieu d’Europe pour tromper les apparences. C’est aussi à ce moment-là que revient la pluie, comme pour me dire l’impression de ne posséder le corps, vide comme une poignée de vent.
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8. |
L'après-midi
01:35
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Sur la toile
Des chagrins dégarnis se dévoilent
La pudeur étourdie sous tes pas
La ruelle en pente douce se prépare
Une cravache en plein cœur
Elle se donne
En parfaite amnésique à cette heure
Le temps des génériques où s'amarre
Une torpeur indocile en escorte
Nos peaux lestées d'un soir.
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9. |
Générique
01:13
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Monodies France
Monodies, c'est la rencontre de deux voix qui déambulent librement dans les parages d'une orchestration quelque peu anachronique : une performance tangible mêlant musique et poésie au gré de la temporalité.
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